Dire « Oui » ou « Non » au don d’organes : chacun peut se faire son propre avis sur cette question, sensible pour les uns, totalement décomplexée pour les autres. Mais faire part de votre propre opinion importe pour faciliter le recours au prélèvement, lorsque cet acte peut venir sauver une vie. Le groupement funéraire SUBLIMATORIUM FLORIAN LECLERC fait le point à l’occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe, organisée ce 22 juin. 

Suis-je pour ou contre le don d’organes ? Aussi abrupte soit-elle, cette question reste des plus essentielles quand une personne en état de mort cérébral est éligible au don d’organes. Et qu’à quelques kilomètres ou à l’autre bout de la France, le pronostic vital d’un patient, en attente d’un cœur, d’un poumon, d’un rein ou d’un foie par exemple, est en jeu. Dans des situations certes moins urgentes, un don de cornée ou de tissus  (artères, veines, peau, valves cardiaques) va venir améliorer la qualité de vie de patients atteints de maladies chroniques parfois invalidantes. 

Le temps compte, pour réparer les vivants 

Au cours de cette chaîne, passant du maillon de la mort à celui de la vie, chaque minute est précieuse : plus la transplantation survient rapidement après le prélèvement, plus le greffon sera de qualité et meilleures seront les chances de réussite. De quel délai parle-t-on ? 3 à 4 heures peuvent s’écouler entre le prélèvement et la greffe d’un cœur, 6 heures pour le foie, 6 à 8 heures pour les poumons et 24 à 36 heures pour un rein.

Mais comment les choses se déroulent-elles ? Une fois que l’état de mort encéphalique est prononcé, les équipes médicales, et notamment l’infirmier coordinateur, vont consulter les membres de la famille pour obtenir des informations : le patient s’était-il exprimé sur le don d’organe de son vivant ? Connaissez-vous sa position, même s’il n’en a laissé aucune trace écrite ? 

Dans certains cas, les proches, confrontés à la perte brutale d’un être cher, sont en mesure de livrer les volontés du défunt. Mais il arrive qu’aucune discussion n’ait eu lieu sur ce point, qu’aucun message de la part du défunt ne leur ait été livré. En plus du temps perdu pour un possible don, les doutes s’expriment, de profonds désaccords font parfois surface entre les membres d’une même famille. Et cela dans un moment délicat où suffisamment d’émotions surgissent. 

Comment s’exprimer ?

Pour éviter ces situations, il est conseillé à chacun d’entre nous d’exprimer clairement son choix sur le don d’organe, de son vivant, quel qu’il soit.

  • Si vous vous opposez au don d’organes, vous devez vous inscrire sur le registre national des refus. Cette démarche révocable à tout moment peut s’effectuer en ligne ou par courrier. En France, le taux de refus atteint 33%
  • Si vous êtes favorable au don d’organes, vous pouvez le dire à vos proches ou à votre personne de confiance, et dans l’idéal l’écrire sur papier libre, garder ce document ou le confier à un membre de votre famille, un ami proche ou à votre personne de confiance. Pour aller plus loin dans la symbolique, vous pouvez également conserver votre  carte de donneur d’organe si vous en avez une. Mais cette dernière n’est pas obligatoire, et elle n’est plus distribuée depuis 2018 
  • Si vous ne vous êtes pas inscrit sur le registre national des refus, la loi Caillavet entre en jeu. En vigueur depuis 1976, elle se base sur le consentement présumé. En clair : « toute personne qui, de son vivant, n’a pas fait connaître son opposition au prélèvement d’organes est considérée comme un donneur potentiel », précise le texte de loi. Bien sûr, les équipes n’iront jamais effectuer de prélèvement sans l’accord de vos proches si votre avis sur la question n’était pas connu et qu’ils sont en désaccord avec cet acte. 

La loi Caillavet repose sur le principe de solidarité nationale. A noter qu’au cours d’une vie, nous avons plus de risque,  un jour, d’avoir besoin d’un organe, que de se retrouver donneur potentiel.

En chiffres

Malgré l’impact de la crise sanitaire, des épidémies successives de grippe, de bronchiolite, et le contexte de fortes tensions hospitalières, « le nombre de greffes atteint en 2022 est encourageant », détaille le Pr François Kerbaul, directeur du prélèvement et de la greffe d’organes et tissus à l’Agence de la biomédecine. Dans le détail, « le nombre de greffes enregistrées a augmenté de 4% entre 2021 et 2022 ». 

  • En 2022, 5 494 greffes ont été réalisées en France : 411 cœurs, 8 poumons + cœurs, 334 poumons, 1 294 foies, 3 376 reins, 70 pancréas, 1 intestin
  • Il n’existe pas de limite d’âge pour donner ses organes : en 2022 toujours, 40,9 % des patients en mort encéphalique prélevés avaient plus de 65 ans
  • Au cours d’un prélèvement, un chirurgien prélève en moyenne 3 organes. Trois vies s’en trouvent potentiellement sauvées
  • Au 1er janvier 2023, un total de 10 810 patients étaient en attente d’un organe

Laura Bourgault

Sources

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