Deuil au travail – partie 1 : quelle résonance dans le quotidien ?

Les différentes phases et émotions traversées dans l’épreuve du deuil ne laissent personne indemne. Indispensables pour ne pas rester dans le déni et avancer dans ce nouveau quotidien, ces ressentis prennent de l’énergie, de la place aussi. Quel impact au travail, que le décès concerne un proche, un collègue ou un supérieur ?

Chaque année, un Français sur dix perd un de ses proches. Un actif sur deux se trouve confronté au deuil au travail. Et un manager sur trois a eu un collaborateur en deuil dans son équipe. Des données publiées dans l’étude CRÉDOC-EMPREINTES-CSNAF1 2021, « Les Français face au deuil »2

Dans la sphère privée comme professionnelle, cette perte d’un proche, d’un collègue, de son responsable d’équipe ou de son directeur enclenche, le temps du deuil, des heures, des journées, soirées et semaines à composer avec différentes émotions pouvant aller de la tristesse à la colère en passant par l’incompréhension. Puis viennent le manque, l’acceptation, bien souvent les changements d’humeurs s’immiscent entre ces différentes phases. Sans compter les épisodes de fatigue, les troubles de la concentration, les phases de stress accru, d’irritabilité ou de colère pouvant impacter vos relations personnelles comme professionnelles.

Ces ressentis prennent place dans un milieu souvent hermétique à ce qui touche au sensible : l’entreprise. Car non, le deuil, quand il survient dans l’intimité, ne s’arrête pas aux portes de votre lieu de travail.  Et quand vous perdez quelqu’un dans le cadre professionnel, retourner au travail peut s’avérer autrement plus pesant. Pour certains, le bureau est à la maison une bonne partie de la semaine : dans cette situation, il est plus difficile de changer air, qu’il s’agisse d’un deuil personnel ou professionnel. Vous restez plongé(e) dans un quotidien parfois imprégné du souvenir de l’autre s’il s’agit de la perte d’un proche. Dans le cadre professionnel, quelqu’un manque à l’appel et la distance n’efface rien : une adresse mail à supprimer, une vignette de visio en moins ou une signature à ôter peuvent être autant de moments difficiles à vivre, seul(e) derrière votre écran.

Salariés, collègues, directeur : un deuil à part ?

Le deuil professionnel reste particulier. Vous passez en moyenne 8 heures par jour sur votre lieu de travail, impossible donc de ne pas nouer de relations, aussi superficielles, cordiales ou amicales, chaleureuses ou tendues soient-elles. Impossible de ne pas être marqué(e) par la perte. Mais il n’est parfois pas évident de composer avec des émotions perturbées voire pesantes envers une personne à qui nous n’étions pas forcément très attaché(e)s. 

Sans compter qu’il est possible de faire des parallèle du deuil professionnel avec votre propre histoire, intime donc, si par exemple les suites d’une maladie longue ou d’un accident soudain résonnait en vous du fait d’un vécu antérieur. Autre point : les réactions individuelles et collectives vont parfois être différentes. Elles vont dans certains cas donner de la ressource à l’équipe, ou bien à l’inverse entrer en contradiction et semer de mauvaises ondes. « Dans un collectif, tout deuil peut créer des résonances personnelles, des malaises et des maladresses », résume l’association Empreintes, spécialisée dans la santé professionnelle et l’accompagnement du deuil au travail.

Rendez-vous dans le Mag Incipio de la famille Leclerc de la semaine prochaine. Au programme : des solutions et outils dédiés aux salariés et aux employeurs pour vous aider à traverser au mieux le deuil et accompagner au mieux les collaborateurs.

1 Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire

2 Enquête menée en ligne en avril 2021 auprès de 3 201 individus dont 2 811 ont vécu un deuil

Article écrit par Laura Bourgault

Crédit photo fizkes/shutterstock.com

Sources

  • Empreintes. Deuil au travail : comment l’accompagner ? Guide pour permettre aux entreprises d’accompagner, à chaque étape, leurs salariés en deuil Consulté en juillet 2023.