Mort cérébrale ou mort encéphalique : comment surviennent ces décès si le cœur n’est pas le premier à s’arrêter de vivre ? Dans quelles conditions survient-elle ? Incipio vous répond. 

La mort cérébrale, c’est quoi ?

L’expression “mort cérébrale”, autrement appelée mort encéphalique, a été employée dans les années 50 avec l’apparition des soins intensifs et du maintien artificiel de la vie. Elle est aujourd’hui souvent employée quand on aborde le sujet du don d’organes. C’est en effet dans ces conditions que le cœur, les poumons, les reins, le foie, le pancréas, les cornées, les tissus et certains vaisseaux peuvent être prélevés sur le corps d’un défunt pour être greffés sur un patient*, le receveur, dont le pronostic vital est engagé à court, moyen ou long terme.

La mort cérébrale correspond au moment où toute activité du cerveau et du tronc cérébral cesse totalement et de façon irrémédiable. Toutes les fonctions vitales du cerveau, impliquées dans la régulation de la respiration et du rythme cardiaque, s’arrêtent. Le patient est alors en arrêt cardio-respiratoire, c’est-à-dire que le patient s’arrête de respirer, et son cœur s’arrête de battre.

La découverte d’un lien entre les phénomènes électriques du cerveau et ses fonctions vitales a été mise en lumière par un jeune médecin de Liverpool, lorsque ce dernier a utilisé les bases de ce qui allait devenir l’électroencéphalogramme autour de 1870. 

La cause de la mort cérébrale “est généralement une compression par œdème ou par une hémorragie cérébrale (accident vasculaire cérébral, traumatisme crânien…) entraînant un phénomène de compression intracrânienne. Le cerveau est directement atteint et sa destruction est définitive”, précise l’Agence de la biomédecine. La mort cérébrale reste extrêmement rare pour ne représenter qu’1% des décès survenus à l’hôpital, soit 5 000 décès chaque année en France. 

Mais en quoi cette mort peut-elle être plus compliquée à vivre pour les proches ?

Parce que “le corps du défunt en état de mort encéphalique est encore chaud et coloré. Ce n’est donc ni un mort tel qu’on se le représente habituellement, avec un corps pâle, froid, immobile ; ni une personne « dans le coma », susceptible de retrouver la conscience”, souligne l’Agence de la biomédecine. Dans ces conditions, “les fonctions vitales sont détruites irréversiblement, la personne est décédée, et le maintien d’une activité cardio-respiratoire n’est possible que pendant quelques heures, grâce à l’assistance de machines et l’administration de médicaments par voie intraveineuse.” 

Au moment de mourir, lorsque le cerveau s’éteint, les neurones perdent tout leur potentiel électrique. Une dernière vague électrique intense se propage à travers le cerveau, à une vitesse de 3 mm par seconde. C’est la mort.  

Et le coma, c’est quoi ?

Le coma correspond à “une altération de l’état de conscience qui peut être différent, extrêmement variable. Il peut aller d’un état de confusion mentale, de difficultés à saisir ce qu’il se passe à l’instant, et peut progresser jusqu’à des états de coma extrêmement profonds où la personne ne répond à aucune stimulation. D’un point de vue clinique et dans son électroencéphalogramme, elle n’exprime aucune activité. L’activité des neurones est arrêtée”, précise le Pr Stéphane Charpier, neuroscientifiques à Sorbonne Université et directeur de l’équipe « Excitabilité cellulaire et dynamiques des réseaux neuronaux » à l’Institut du Cerveau (ICM), dans le podcast “Qu’est-ce qui se passe lorsqu’on trépasse ? diffusé sur France Culture le 15 décembre 20223.

Quelle différence entre le coma et la mort ?

Mais alors quelles différences entre le coma et la mort si plus rien ne répond ? Il se trouve que “le coma ne correspond pas aux critères de la mort d’ordre médical comme juridique. Le critère de la mort qui pourrait être confondu avec la mort est celui que l’on appelle la mort cérébrale. Mais comme évoqué plus haut, au-delà de l’électroencéphalogramme plat, la mort cérébrale est confirmée par d’autres signes cliniques : l’incapacité de respirer spontanément, que le tronc cérébral, structure située à la base du cerveau, ne puisse plus fonctionner”, et empêcher donc la respiration et l’état de conscience normal. “Dans l’état de mort cérébrale, cette structure ne fonctionne plus, le cerveau n’est plus perfusé avec du sang oxygéné, la respiration spontanée n’est plus possible. Le cœur bat, mais plus jamais la personne ne sera consciente. Et si l’on détermine que cette situation est irréversible, le patient est déclaré mort.”

*en cas de don d’organes, ​​”le maintien artificiel de l’activité cardiaque après la mort permet de perfuser et d’oxygéner les organes et de les maintenir en état en vue d’une éventuelle transplantation”, souligne l’Agence de la biomédecine

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Sources

Article écrit par Laura Bourgault